un anniversaire spécial ce samedi

C’était le 10 mai 1974. C’est la première fois que j’y repense.

Ce jour-là, j’ai croisé son regard pour la première fois et je me suis littéralement noyée dans ce ciel-là. C’est devenu comme une drogue, une addiction et comme une certitude. Ce garçon-là était né pour moi ! Et je l’ai toujours aimé depuis cet instant-là. D’abord, je n’ai eu de cesse de le revoir, même pendant les six mois pendant lesquels le père m’avait séquestrée à la maison, puis d’écarter toutes les filles qui rôdaient autour de lui, voulaient l’accaparer alors qu’il était pour moi. Et puis, j’ai toujours eu peur ensuite de le perdre, qu’il ne m’aime pas, qu’il parte avec une autre. Nous avons voulu rompre plusieurs fois cette relation. Alors je voyais parfois d’autres garçons mais, toujours, le hasard nous faisait nous croiser et je revenais vers lui. Et si ce n’était pas moi, c’était lui. J’ai fini par croire que c’était écrit, lui et moi, pour la vie. « c’est un beau roman, c’est une belle histoire… tutututu… » (Michel Fugain), mais ça ne finit pas pareil…

Et puis est venu le temps des mensonges. Une longue lutte à qui ne se dévoilerait pas, un très long cache-cache. Un labyrinthe de silences et de non-dits. Je lui ai tout pardonné, en tout cas, je l’ai cru : ses écarts de conduite, sa méchanceté, son humour noir et froid, son autorité, son indécision, ses mensonges, son indifférence, son silence.  Pendant des années, j’ai accepté son silence, c’était tellement semblable à un autre silence qui a conditionné toute mon existence dès mes 4 ans. J’ai cru que c’était normal, que les hommes étaient naturellement silencieux et qu’ils ne pouvaient pas changer. Quand mon intuition me faisait mettre le doigt sur une vérité, même moi je n’y croyais pas : puisqu’il faisait silence autour d’elle, je croyais son silence au lieu de croire ce que je sentais et j’oubliais ce que j’avais vu ou entendu, me croyant idiote ou trop imaginative.

Jamais nous n’avons réellement parlé ensemble d’égal à égal, partagé l’intimité de nos pensées, de nos émotions. Jamais il n’a eu besoin ou envie de me parler, c’est toujours moi qui venais vers lui et je croyais qu’il en était heureux. Quelque part en lui, sûrement, pendant quelques années. Jusqu’au jour où il a croisé la route d’autres femmes qui lui ont parlé autrement, l’ont touché d’une autre façon, auxquelles il a voulu répondre, ou pas peut-être. Tout à coup, j’ai pris conscience que son silence n’était valable que pour moi. Avec d’autres, il discutait tous les jours, partageait les petites choses de la vie et peut-être d’autres choses aussi. Chacune d’elle creusait la distance entre lui et moi. Chacune d’elle a rempli le silence entre nous.

Même si moi, je ne peux ni ne veux plus vivre avec lui, mon cœur est encore déchiré et je pleure encore sur ces 40 ans d’amour perdu, rayé de sa mémoire, inexistant en son cœur, presque comme si cela n’avait pas existé.

Ca fera 40 ans samedi que j’ai croisé son regard pour la première fois. .. et que je l’ai aimé… sans retour

Ca fera 40 ans samedi que je me raconte une belle et triste histoire… Vers 15 h ce samedi, je trinquerai à notre rencontre et m’abandonnerai un instant à mon chagrin ; un instant seulement parce que la vie continue. « Ils reprirent alors, chacun, leur chemin…tatatata… »  Je fais de même, sans retour

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