Encore des anniversaires…

Demain, 24 juin aurait été l’anniversaire de Maman. On a déjà abondamment parlé d’elle et son souvenir occupe une grande place dans nos vies. Bien sûr, nous avons une pensée pour elle ainsi que pour Jean- dont c’est la fête ce 24 et qui était né, lui, le jour d’une sainte Thérèse-. Notre cœur est assez grand pour partager ces affectueuses pensées pour eux.

Mais le 26 juin, c’est l’anniversaire de François, notre frère aîné, mon grand frère et mon parrain. Comme il ne parle pas vraiment de lui, j’ai envie, cette année de raconter ce que je vois, moi, la petite sœur. Histoire de rendre hommage à cette fratrie si bizarre, fragile, parfois douloureuse, mais aussi étonnamment vivace et fidèle. Si je pouvais peindre les choses qui sont dans ma tête, je vous aurais fait le tableau d’un départ à l’aube que j’ai raconté dans un autre article. Cela reste mon regret de ne pas arriver à dessiner ou peindre cela. La lumière de ce matin-là était pâle et bleutée, le jour se levait à peine… mais foin de nostalgie. Il est d’autres images et d’autres souvenirs.

Parmi les images qui habitent mon esprit, il en est une que je trouve étonnante : je pourrais reconnaître mes frères à leurs mains. C’est une notion indescriptible, leurs mains ont la même forme que les mains de Papa, la forme des doigts, des ongles… c’est comme une carte d’identité, empreintes digitales, sauf que ce n’est pas la pulpe des doigts qui livre ses formes mais le dessus, l’ongle, les quelques poils. C’est assez rigolo. Quand je regarde François jouer de sa basse, mon regard vient toujours sur la main qui pince les cordes et toujours, se dessine en filigrane le physique de Papa. Son intérêt pour la musique ne s’est jamais démenti et j’ai beaucoup de plaisir à partager les concerts et sorties qu’il nous propose avec son groupe Delta Blues Band.

Sur sa carte d’identité de frère, il y a des détails qui restent comme à l’affleurement du cours d’eau : par exemple, il a toujours eu le goût du grec. Il aime bien les lettres grecques : sa société contenait l’alfa du début de l’alphabet grec, son groupe de musique s’appelle Delta… Il est lui-même l’alfa de notre fratrie. Et puis, il est un champion des langages : il sait lire et transcrire le morse, écrire et transcrire la musique, et je passe sur les langages informatiques et la langue française qu’il écrit aussi parfaitement sans faute ! Bref, certains langages n’ont pas de secrets pour lui.

S’il est une chose qui le caractérise, c’est son humour. Il use de la dérision et des jeux de mots comme une sorte de langage, évidemment. Et c’est assez charmant. D’ailleurs, on voit bien que Lydie est restée sous le charme, toutes ces années de mariage : pour l’instant, ils sont en quelque sorte les recordmans de la longévité du mariage dans notre famille ! Cela donne à penser que les relations entre un homme et une femme ne sont pas fatalement vouées à la rupture à plus ou moins long terme. Finalement, moi, je trouve ça assez réconfortant de savoir que l’amour peut s’apaiser mais aussi se bonifier au cours des années. En cela, leur couple est assez exemplaire. En même temps, c’est assez follement drôle de le voir s’amuser ainsi, car ce n’est pas la peine de chercher un troisième degré à son humour, les deux premiers suffisent et je crois que son humour révèle complètement une certaine joie de vivre mais aussi une philosophie de la vie.

Point de tristesse en lui, pas de nostalgie excessive pour le passé, il n’a pas l’air de cultiver le regret de son enfance ou des choses qu’il aurait pu louper. Quand je vois la photo (célèbre) où il est assis sur Sultan, le cheval de Papa, on sent bien à la fois, la fierté du père mais aussi l’assise solide du fils. Pour moi, il ne fait aucun doute que cette relation du père avec son aîné a été un appui solide pour grandir et se construire, même si le père en question n’était pas capable d’exprimer la plus grande tendresse envers ses enfants. Aujourd’hui, j’entends dans ses mots une certaine moralité qui guide son chemin, un certain type de conduite qui soutient sa famille et je trouve qu’il est un homme accompli et épanoui tout en affichant un certain non conformiste.

Voici donc mon cadeau pour ton anniversaire, pour te souhaiter encore de nombreuses années à faire de la musique, à nous faire marrer lors des réunions de famille, et pour que tu conserves l’espièglerie de la jeunesse !

 

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4 réponses à Encore des anniversaires…

  1. francois dit :

    Il est très joli, le gâteau que tu as fait pour mon anniversaire, petite soeur.
    J’aime beaucoup ton analyse, que je trouve juste !
    Et tant pis pour ma modestie (dont je reste fier, bien sûr) !!!

  2. Minelle dit :

    beaux, intelligents et modestes… J’avais oublié que c’était une de tes citations préférées ! N’empêche, je trouve que tu as raison : il vaut mieux être fier de soi et comme dit Catherine Jacob : belle et re-belle plutôt que moche et re-moche…

  3. mariejo dit :

    Minelle, je te nomme meilleur chantre de notre fratrie! Et n’en veux pas à ceux qui continuent de se taire. Ça nous a été bien martelé! Imagine, nous neuf, ensemble, nous remémorant notre Histoire, tellement différente du premier à la dernière. Et pourtant, un fil conducteur, celui de cette affection que nos parents nous ont donnée, bien maladroitement parfois, mais réelle.

  4. marie odile dit :

    Bravo Minelle…. Et bon anniversaire à François ! (avec un peu de retard, mille excuses !)
    J’apprécie les réponses tant de François que de Marie-JO, notamment sa dernière phrase.
    Je suis contente de partager tous ces écrits avec vous, merci.

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